Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Disons ici un détail. Dans Chaos vaincu, un mot, monstro, adressé à Gwynplaine, déplaisait à Dea. Quelquefois, avec le peu d’espagnol que tout le monde savait dans ce temps-là, elle faisait le petit coup de tête de le remplacer par quiero, qui signifie je le veux. Ursus tolérait, non sans quelque impatience, ces altérations du texte. Il eût volontiers dit à Dea, comme de nos jours Moessard à Vissot : Tu manques de respect au répertoire.

« L’Homme qui rit ». Telle était la forme qu’avait prise la célébrité de Gwynplaine. Son nom, Gwynplaine, à peu près ignoré, avait disparu sous ce sobriquet, de même que sa face sous le rire. Sa popularité était comme son visage un masque.

Son nom pourtant se lisait sur un large écriteau placardé à l’avant de la Green-Box, lequel offrait à la foule cette rédaction due à Ursus :

« Ici l’on voit Gwynplaine, abandonné à l’âge de dix ans, la nuit du 29 janvier 1690, par les scélérats comprachicos, au bord de la mer à