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IV

Charles II, bon homme, le dédaigna. Le bonheur de l’Angleterre sous Charles II était plus que du bonheur, c’était de l’enchantement. Une restauration, c’est un ancien tableau poussé au noir qu’on revernit ; tout le passé reparaît. Les bonnes vieilles mœurs faisaient leur rentrée, les jolies femmes régnaient et gouvernaient. Evelyn en a pris note ; on lit dans son journal : « Luxure, profanation, mépris de Dieu. J’ai vu un dimanche soir le roi avec ses filles de joie, la Portsmouth, la Cleveland, la Mazarin, et deux ou trois autres ; toutes à peu près nues dans la galerie du jeu. » On sent percer quelque humeur dans cette peinture ; mais Evelyn était un puritain grognon, entaché de rêverie républicaine. Il n’appréciait pas le profitable exemple que donnent les rois par ces grandes gaietés babyloniennes qui, en définitive, alimentent le luxe. Il ne comprenait pas l’utilité des vices. Règle : N’extirpez point les vices, si