Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/98

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et Pace. Fille de Jacques II, qui était ingénu et féroce, elle était brutale.

Et en même temps au fond elle était douce. Contradiction qui n’est qu’apparente. Une colère la métamorphosait. Chauffez le sucre, il bouillonnera.

Anne était populaire. L’Angleterre aime les femmes régnantes. Pourquoi ? la France les exclut. C’est déjà une raison. Peut-être même n’y en a-t-il point d’autres. Pour les historiens anglais, Élisabeth, c’est la grandeur, Anne, c’est la bonté. Comme on voudra. Soit. Mais rien de délicat dans ces règnes féminins. Les lignes sont lourdes. C’est de la grosse grandeur et de la grosse bonté. Quant à leur vertu immaculée, l’Angleterre y tient, nous ne nous y opposons point. Élisabeth est une vierge tempérée par Essex, et Anne est une épouse compliquée de Bolingbroke.