Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/275

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incurable rire ; de cette face qu’on lui avait sculptée, il avait retiré la joie. Il n’était plus qu’effrayant.

— Qu’est cet homme ? ce fut le cri.

Un frémissement indescriptible courut sur tous les bancs. Ces cheveux en forêt, ces enfoncements noirs sous les sourcils, ce regard profond d’un œil qu’on ne voyait pas, le modelé farouche de cette tête mêlant hideusement l’ombre et la lumière, ce fut surprenant. Cela dépassait tout. On avait eu beau parler de Gwynplaine, le voir fut formidable. Ceux mêmes qui s’y attendaient ne s’y attendaient pas. Qu’on s’imagine, sur la montagne réservée aux dieux, dans la fête d’une soirée sereine, toute la troupe des tout-puissants réunie, et la face de Prométhée, ravagée par les coups de bec du vautour, apparaissant tout à coup comme une lune sanglante à l’horizon. L’Olympe apercevant le Caucase, quelle vision ! Vieux et jeunes, béants, regardèrent Gwynplaine.

Un vieillard vénéré de toute la chambre, qui