Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/363

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lons du saltimbanque Gwynplaine étaient des resplendissements ! Oh ! où étaient la Green-Box, la pauvreté, la joie, la douce vie errante ensemble comme des hirondelles ? On ne se quittait pas, on se voyait à toute minute, le soir, le matin, à table on se poussait du coude, on se touchait du genou, on buvait au même verre, le soleil entrait par la lucarne, mais il n’était que le soleil, et Dea était l’amour. La nuit, on se sentait endormis pas loin les uns des autres, et le rêve de Dea venait se poser sur Gwynplaine, et le rêve de Gwynplaine allait mystérieusement s’épanouir au-dessus de Dea ! On n’était pas bien sûr, au réveil, de n’avoir pas échangé des baisers dans la nuée bleue du songe. Toute l’innocence était dans Dea, toute la sagesse était dans Ursus. On rôdait de ville en ville ; on avait pour viatique et pour cordial la franche gaîté aimante du peuple. On était des anges vagabonds, ayant assez d’humanité pour marcher ici-bas, et pas tout à fait assez d’ailes pour s’envoler. Et maintenant, disparition ! Où était