Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout cela ? Était-ce possible que tout se fût effacé ! Quel vent de la tombe avait soufflé ? C’était donc éclipsé ! c’était donc perdu ! Hélas, la sourde toute-puissance qui pèse sur les petits dispose de toute l’ombre, et est capable de tout ! Qu’est-ce qu’on leur avait fait ? Et il n’avait pas été là, lui, pour les protéger, pour se mettre au travers, pour les défendre, comme lord, avec son titre, sa seigneurie et son épée, comme bateleur, avec ses poings et ses ongles ! Et ici survenait une réflexion amère, la plus amère de toutes peut-être. Eh bien, non, il n’eût pas pu les défendre ! C’était lui précisément qui les perdait. C’était pour le préserver d’eux, lui lord Clancharlie, c’était pour isoler sa dignité de leur contact, que l’infâme omnipotence sociale s’était appesantie sur eux. La meilleure façon pour lui de les protéger, ce serait de disparaître, on n’aurait plus de raison de les persécuter. Lui de moins, on les laisserait tranquilles. Glaçante ouverture où sa pensée entrait. Ah ! pourquoi s’était-il laissé séparer de Dea ! Est-ce