Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/191

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Pourquoi tout l’univers penché sur une tête ? Pourquoi l’aube donnant à la femme une fête ? Pourquoi ces chants ? Pourquoi ces palpitations Des flots dans plus de joie et dans plus de rayons ? Pourquoi partout l’ivresse et la hâte d’éclore, Et les antres heureux de s’ouvrir à l’aurore, Et plus d’encens sur terre et plus de flamme aux cieux ?

Le beau couple innocent songeait silencieux.


VII

Cependant la tendresse inexprimable et douce De l’astre, du vallon, du lac, du brin de mousse, Tressaillait plus profonde à chaque instant autour D’Ève, que saluait du haut des cieux le jour ; Le regard qui sortait des choses et des êtres, Des flots bénis, des bois sacrés, des arbres prêtres, Se fixait, plus pensif de moment en moment, Sur cette femme au front vénérable et charmant ; Un long rayon d’amour lui venait des abîmes, De l’ombre, de l’azur, des profondeurs, des cimes, De la fleur, de l’oiseau chantant, du roc muet.

Et, pâle, Ève sentit que son flanc remuait.