Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/262

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Et brisait en jouant les membres d’Épictète. Femme grosse, vieillard débile, enfant qui tette, Captifs, gladiateurs, chrétiens, étaient jetés Aux bêtes, et, tremblants, blêmes, ensanglantés, Fuyaient, et l’agonie effarée et vivante Se tordait dans le cirque, abîme d’épouvante. Pendant que l’ours grondait, et que les éléphants, Effroyables, marchaient sur les petits enfants, La vestale songeait dans sa chaise de marbre. Par moments, le trépas, comme le fruit d’un arbre, Tombait du front pensif de la pâle beauté ; Le même éclair de meurtre et de férocité Passait de l’œil du tigre au regard de la vierge. Le monde était le bois, l’empire était l’auberge. De noirs passants trouvaient le trône en leur chemin, Entraient, donnaient un coup de dent au genre humain, Puis s’en allaient. Néron venait après Tibère. César foulait aux pieds le Hun, le Goth, l’Ibère ; Et l’empereur, pareil aux fleurs qui durent peu, Le soir était charogne à moins qu’il ne fût dieu. Le porc Vitellius roulait aux gémonies. Escalier des grandeurs et des ignominies, Bagne effrayant des morts, pilori des néants,