Aller au contenu

Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/384

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

On vit leurs dos confus reluire quelque temps, Et leurs rangs se grouper sous les drapeaux flottants Ainsi que des chaînons ténébreux se resserrent, Puis ces farouches voix dans la nuit s’effacèrent.


VII

Le pont de Crassus, morne et tout mouillé de sang, Resta désert. Alors, tragique et se dressant, Le mendiant, tendant ses deux mains décharnées, Montra sa souquenille immonde aux Pyrénées, Et cria dans l’abîme et dans l’immensité : « Confrontez-vous. Sentez votre fraternité, Ô mont superbe, ô loque infâme ! neige, boue ! Comparez, sous le vent des cieux qui les secoue, Toi, tes nuages noirs, toi, tes haillons hideux, Ô guenille, ô montagne ; et cachez toutes deux, Pendant que les vivants se traînent sur leurs ventres, Toi, les poux dans tes trous, toi, les rois dans tes antres ! »