Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/443

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Envoyez-en chercher. À quoi bon se presser ? J’attendrai jusqu’au soir avant de commencer.

— Il raille ! Tous sur lui ! dit Jorge, et pêle-mêle ! Nous sommes vautours ; l’aigle est notre sœur jumelle ; Fils, courage ! et ce soir, pour son souper sanglant, Chacun de nous aura son morceau de Roland. »


IX

DURANDAL TRAVAILLE

Laveuses qui, dès l’heure où l’orient se dore, Chantez, battant du linge aux fontaines d’Andorre, Et qui faites blanchir des toiles sous le ciel, Chevriers qui roulez sur le Jaïzquivel Dans les nuages gris votre hutte isolée, Muletiers qui poussez de vallée en vallée Vos mules sur les ponts que César éleva, Sait-on ce que là-bas le vieux mont Corcova Regarde par-dessus l’épaule des collines ?

Le mont regarde un choc hideux de javelines, Un noir buisson vivant de piques, hérissé, Comme au pied d’une tour que ceindrait un fossé, Autour d’un homme, tête altière, âpre, escarpée, Que protège le cercle immense d’une épée.