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Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/500

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Pour en voir de pareils dans l’ombre, il faut qu’on dorme ; Ils sont comme engloutis sous la housse difforme ; Les cavaliers sont froids, calmes, graves, armés, Effroyables ; les poings lugubrement fermés ; Si l’enfer tout à coup ouvrait ces mains fantômes, On verrait quelque lettre affreuse dans leurs paumes. De la brume du lieu leur stature s’accroît. Autour d’eux l’ombre a peur et les piliers ont froid. Ô nuit, qu’est-ce que c’est que ces guerriers livides ?

Chevaux et chevaliers sont des armures vides, Mais debout. Ils ont tous encor le geste fier, L’air fauve, et, quoique étant de l’ombre, ils sont du fer. Sont-ce des larves ? Non ; et sont-ce des statues ? Non. C’est de la chimère et de l’horreur, vêtues D’airain, et, des bas-fonds de ce monde puni, Faisant une menace obscure à l’infini ;