Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/526

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Petit ! voilà le mot qu’a dit cette femelle. Si l’enfer m’eût crié, béant sous ma semelle, Dans la sombre minute où je tenais les dés : « Fils, les hasards ne sont pas encor décidés ; » Je t’offre le gros lot : la Lusace aux sept villes ; » Je t’offre dix pays de blés, de vins et d’huiles, » À ton choix, ayant tous leur peuple diligent ; » Je t’offre la Bohême et ses mines d’argent, » Ce pays le plus haut du monde, ce grand antre » D’où plus d’un fleuve sort, où pas un ruisseau n’entre ; » Je t’offre le Tyrol aux monts d’azur remplis, » Et je t’offre la France avec les fleurs de lys ; » Qu’est-ce que tu choisis ? » J’aurais dit : « La vengeance. » Et j’aurais dit : « Enfer, plutôt que cette France, » Et que cette Bohême, et ce Tyrol si beau, » Mets à mes ordres l’ombre et les vers du tombeau ! » Mon frère, cette femme, absurdement marquise D’une marche terrible où tout le Nord se brise, Et qui, dans tous les cas, est pour nous un danger, Ayant été stupide au point de m’outrager, Il convient qu’elle meure ; et puis, s’il faut tout dire,