Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/148

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Fourrer ta fausse clé dans la porte de feu,
« Et faire une pesée, avec l’orgueil, sous Dieu !
« Va-t’en de la lumière, et va-t’en des ténèbres !
« Dehors ! Va-t’en avec ta strophe et tes algèbres,
« Poète, géomètre, astronome, voleur !

« Ne cherchez pas ; rampez. Tremblez, c’est le meilleur.
« Espace, point d’Icare ; astres, pas de lunettes.
« O vivants, vous serez dans le vrai, si vous n’êtes
« Que ce que les vivants d’avant vous ont été.
« Ne voyez que la grande et calme éternité.
« Le bas est immobile et le haut immuable.
« En bas est l’ancre ; en haut l’obscur anneau du câble.
« Est-ce que la nature essaie autour de vous
« De changer d’attitude, ô mortels vains et fous ?
« Qu’est-ce que le tombeau ? Le puits des nuits funèbres ;
« Il a la plénitude auguste des ténèbres ;
« Il ne demande rien, il ne fait pas de bruit ;
« Le sépulcre est le vase où Dieu garde la nuit,
« L’astre est le vase où Dieu conserve la lumière ;
« Tous deux sont à jamais ce que la loi première
« Les créa ; l’un est l’ombre et l’autre est le rayon ;
« Pourquoi l’homme veut-il changer sa fonction ?
« Il est souffle ; qu’il passe. A quoi bon la pensée ?
« A quoi bon tant de force obscure dépensée ?
« A quoi Zoroastre ou Moïse ? A quoi sert
« Ce Jean, vêtu de peaux, parlant dans le désert ?
« A quoi bon vos Talmuds ? N’est-ce pas une honte
« De voir s’entreheurter Tyr contre Sélinonte,
«