Ils vont jusqu’en Égypte, affrontant les numides,
Pieds nus, sacrifier des coqs aux pyramides,
Ces trois tombeaux de Seth, d’Enos et de Sabi ;
L’arabe en pâlissant leur ferme son gourbi ;
Ils font un philtre avec des herbes qu’ils écrasent ;
Ils respectent le bœuf et la brebis, se rasent,
Et n’osent pas nommer l’astre à qui leurs élus
Font, de l’aurore au soir, soixante-trois saluts ;
Ils ont pour ville Haran en Mésopotamie ;
Leur tabernacle, autel de trouble et d’infamie,
Au lieu de l’occident regarde le levant ;
Ils adressent, hagards, des questions au vent,
Comptent l’onde, et parmi leurs prophètes on nomme
Loth, roi des Philistins, et Numa, roi de Rome ;
Dans le mois du Bélier leur tribu danse en rond ;
Ils vénèrent Péor, le faune obscène ; ils ont
Sept temples dédiés par Cham aux sept planètes ;
Ils sont jongleurs, charmeurs de tigres, proxénètes,
Baigneurs, marchands de sorts, plongeurs de tourbillons ;
Quand ils sèment, ils font deux parts de leurs sillons,
Dont l’une est pour le dieu, l’autre pour les déesses ;
Leurs femmes ont parfois des serpents dans leurs tresses ;
Ils reprochent au char la plainte de l’essieu ;
Ils regardent, pensifs, les ratures que Dieu
A faites sur le tigre ainsi que sur le zèbre ;
C’est parce que tous deux ont ce signe funèbre
Et cette ombre des mots inconnus sur le dos
Que l’un porte la haine et l’autre les fardeaux ;
Presque à l’égal du temple ils révèrent l’étable ;
Leur sommeil est étrange, agité, redoutable ;
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