Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/19

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Les trois soleils mêlaient leurs trois rayonnements.
Après quelque combat dans les hauts firmaments,
D’un char de feu brisé l’on eût dit les trois roues.
Les monts hors du brouillard sortaient comme des proues.
—Eh bien, cria Satan, soit ! Je puis encor voir !
Il aura le ciel bleu, moi j’aurai le ciel noir.
Croit-il pas que j’irai sangloter à sa porte ?
Je le hais. Trois soleils suffisent. Que m’importe !
Je hais le jour, l’azur, le rayon, le parfum !

Soudain il tressaillit ; il n’en restait plus qu’un.


IV

L’abîme s’effaçait. Rien n’avait plus de forme.
L’obscurité semblait gonfler sa vague énorme.
C’était on ne sait quoi de submergé ; c’était
Ce qui n’est plus, ce qui s’en va, ce qui se tait ;
Et l’on n’aurait pu dire, en cette horreur profonde,
Si ce reste effrayant d’un mystère ou d’un monde,
Pareil au brouillard vague où le songe s’enfuit,
S’appelait le naufrage ou s’appelait la nuit ;
Et l’archange sentit qu’il devenait fantôme.
Il dit : — Enfer ! — Ce mot plus tard créa Sodome.