Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/283

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Auront je ne sais quoi de sombre ; et les méchants
Et les pervers croîtront comme l’herbe des champs,
Le fils, devant le juge aux lèvres indignées,
Apparaîtra, tenant dans ses mains des poignées
De cheveux blancs du père égorgé. Je dirai
Au pauvre : vole ; au riche : opprime. Je ferai
Jeter le nouveau-né par la mère aux latrines.
Tremble, ô Dieu ! J’ouvrirai de mes mains leurs poitrines,
J’arracherai, fumant, et je tordrai leur cœur,
Et j’en exprimerai tous les crimes, l’horreur,
La trahison, le meurtre, Achab, Tibère, Atrée,
Sur ta création rayonnante et sacrée !
Tu seras Providence et moi Fatalité.
J’ai fait mieux que la Haine ; ô vide ! ô cécité !
J’ai fait l’Envie. En vain ce Dieu bon multiplie
Ces colosses dont l’âme est de rayons remplie,
Le génie et l’amour et l’héroïsme ; moi
Par la négation je fais ronger la foi ;
Je suis Zoïle ; autour des Socrates j’excite
Anitus, et je mets sur Achille Thersite,
Et tout pleure, et j’égale, à force de venins,
A l’éclat des géants le gonflement des nains.