Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mène,
L’ange arrêta sur lui ses ailes qui flottaient,
Et pleura.

                    L’on eût dit que ses larmes étaient
De la lumière en pleurs coulant de deux étoiles.
Comme la tarentule au centre de ses toiles,
Le vaste malheureux et le vaste méchant
Palpitait ; et la vierge immortelle, penchant
L’escarboucle allumée au sommet de sa tète,
Tendit les bras vers l’ange englouti dans la bête,
Et lui parla, planant et pourtant à genoux ;
Et l’accent de sa voix divine était plus doux
Que l’incarnation vague et sombre des sphères.

« O toi ; je viens. je pleure. Ici, dans les misères,
« Dans le deuil, dans l’enfer où l’astre se perdit,
« Je viens te demander une grâce, ô maudit !
« Ici, je ne suis plus qu’une larme qui brille.
« Ce qui survit de toi, c’est moi. Je suis ta fille.
« Sens-tu que je suis là ? Me reconnais-tu, dis ?
« M’entends-tu ? C’est du fond des divins paradis,
« C’est de la profondeur lumineuse et sacrée,
« C’est de ce grand ciel clair où vit celui qui crée,
« Que je viens, éperdue, à toi, l’ange enfoui !
« J’ai crié vers Dieu ; Dieu formidable a dit Oui ;
« Il me laisse descendre au fond des nuits difformes,
« Et, pour que je te parle, il permet que tu dormes.
«