Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/327

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Car, Père, pour tes yeux, hélas, le firmament
« Ne peut plus s’entr’ouvrir qu’en songe seulement !
« Oh ! toute cette nuit, c’est affreux ! Père, Père !
« Quoi ! toi dans ce cachot ! Quoi ! toi dans ce repaire !
« Toi puni ; toi mauvais ! toi, l’aîné des élus !
« Te voilà donc si bas que Dieu ne te voit plus !
« L’enfer ! l’océan Nuit ! Pas de flot, pas d’écume,
« Pas de souffle. Partout le Noir. C’est, dans la brume,
« Ta respiration lugubre que j’entends.
« La longueur de ton deuil dépassera le temps ;
« Le chiffre de tes maux dépassera le nombre.
« Les soleils me disaient : prends garde, il est dans l’ombre !
« Et moi j’ai dit : je veux voir le désespéré.
« Hélas, l’astre du ciel te hait, la fleur du pré
« Te craint, autour de toi tous les êtres ensemble
« Frémissent, les clartés frissonnent, l’azur tremble,
« L’infini te redoute et t’abhorre : Eh bien, moi,
« Je t’apporte en amour tout cet immense effroi !

« Je viens te prier, toi qu’on proscrit. Toi qu’on souille,
« Je viens avec des pleurs te laver. J’agenouille
« La lumière devant ton horreur, et l’espoir
« Devant les coups de foudre empreints sur ton front noir ;
«