Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/330

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A travers l’océan tu soufflas le naufrage ;
« Captif, tu pénétras la terre de ta rage ;
« Le dessous ténébreux de la vie appartint
« A ta vengeance, et fut par ton haleine atteint ;
« Tu mordis les tombeaux ; tu mordis les racines ;
« Tu mêlas aux parfums les herbes assassines ;
« Tu mis partout le monstre à côté de la loi ;
« Une émanation de nuit sortit de toi,
« Et tu déshonoras l’univers magnanime.
« Dieu rayonnait le bien, tu rayonnas le crime.
« Tu fis d’en bas, avec tes miasmes, des démons ;
« Tu pris les instincts vils et les impurs limons
« Et tu créas avec cette fange les traîtres,
« Les lâches, les cruels ; et tu fis dieux et maîtres
« Des êtres de l’abîme et des esprits forçats ;
« Tu poussas les Nemrods aux guerres, tu dressas
« Les Caïphes sanglants contre les Christs sublimes ;
« Et souvent là-haut, nous, les anges, nous pâlîmes
« D’entendre dans le deuil les prêtres et les rois
« Rire, et de voir grandir le glaive énorme en croix.

« A quoi cela t’a-t-il servi ? plus de misère ;
« Voilà tout. Ton éclair ronge et brûle ta serre ;
« Ton empoisonnement du monde a commencé
« Par toi-même, ô géant d’un combat insensé.
« Le mal ne fait pas peur à Dieu ; Dieu se courrouce,
« Et frappe. Tu croyais que la vengeance est douce ;
« Elle est amère. Hélas ! le crime est châtiment.
« La croissance du mal augmente ton tourment ;
«