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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.



V



Et c’est pourquoi, s’étant par message entendus,
En bons cousins, étant convenus en famille
De sortir à la fois, vers l’heure où l’aube brille,
Chacun de sa montagne et chacun de sa tour,
Ils vont fêtant le jour des rois, car c’est leur jour,
Par un grand brûlement de villes dans la plaine.

Déroute ; enfants, vieillards, bœufs, moutons ; clameur vaine,
Trompettes, cris de guerre : exterminons ! frappons !
Chariots s’accrochant aux passages des ponts ;
Les champs hagards sont pleins de sombres débandades ;
La même flamme court sur les cinq Mérindades ;
Olite tend les bras à Tudela qui fuit
Vers la pâle Estrella sur qui le brandon luit ;
Et Sanguesa frémit, et toutes quatre ensemble
Appellent au secours Pampelune qui tremble.
Comme on sait tous les noms de ces rois, Gilimer,
Torismondo, Garci, grand-maître de la mer,
Harizetta, Wermond, Barbo, l’homme égrégore,
Juan, prince de Héas, Guy, comte de Bigorre,
Blas-el-Matador, Gil, Francavel, Favilla,
Et qu’enfin, c’est un flot terrible qui vient là,