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ÉVIRADNUS.

Il est toujours en marche, attendu qu’on moleste
Bien des infortunés sous la voûte céleste,
Et qu’on voit dans la nuit bien des mains supplier ;
Sa lance n’aime pas moisir au râtelier ;
Sa hache de bataille aisément se décroche ;
Malheur à l’action mauvaise qui s’approche
Trop près d’Éviradnus, le champion d’acier !
La mort tombe de lui comme l’eau du glacier.
Il est héros ; il a pour cousine la race
Des Amadis de France et des Pyrrhus de Thrace ;
Il rit des ans. Cet homme à qui le monde entier
N’eût pas fait dire grâce ! et demander quartier,
Ira-t-il pas crier au temps : Miséricorde !
Il s’est, comme Baudoin, ceint les reins d’une corde ;
Tout vieux qu’il est, il est de la grande tribu ;
Le moins fier des oiseaux n’est pas l’aigle barbu.

Qu’importe l’âge ! il lutte. Il vient de Palestine,
Il n’est point las. Les ans s’acharnent ; il s’obstine.


III

Dans la forêt



Quelqu’un qui s’y serait perdu ce soir, verrait
Quelque chose d’étrange au fond de la forêt ;