Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/150

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Ils traînent dans leurs rangs, avec gloire et furie,
Comme un trophée utile à mettre en batterie,
Six canons qu’a pleurés monsieur de Brandebourg ;
Comme ils vous font japper cela contre un faubourg !
Comme ils en ont craché naguère la volée
Sur Comorn, la Hongrie étant démuselée !
Et comme ils ont troué de boulets le manteau
De Vérone, livrée au feu par Colalto !
Les déclarations de guerre les font rire ;
Ils signent ce qu’il plaît à l’empereur d’écrire ;
Sous les puissants édits, sous les rescrits altiers,
Au bas des hauts décrets, ils mettent volontiers
Ce grand paraphe obscur qu’on nomme la mêlée ;
Leur bannière à longs plis, toute bariolée,
Est une glorieuse et fait claquer son fouet ;
Wallstein, comme une foudre au poing, les secouait ;
Leur mode est d’envoyer la bombe en ambassade ;
Ils sont pour l’ennemi de mine si maussade
Que s’ils allaient un jour, sur la terre ou la mer,
Guerroyer quelque prince allié de l’enfer,
Rien qu’en apercevant leurs profils sous le feutre,
Satan se sentirait le goût de rester neutre.
Aussi, lourde est la solde et riche est le loyer.
Quand on veut des héros, il faut les bien payer.
On n’a point vu, depuis Boleslas Lèvre-Torte,
Une bande de gens de bataille plus forte
Et des alignements d’estafiers plus hagards ;
Max en fait cas, Tilly pour eux a des égards,