Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/157

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Franche et vraie, et riant sous le ciel pluvieux,
A des ennemis ; certe, elle a des envieux ;
Ces menteurs ont construit bien des choses contre elle ;
Chaque jour, leur amère et lugubre querelle
Imagine une boue à lui jeter au front,
Et cherche quelque forme horrible de l’affront ;
Ils ont contre sa vieille et vénérable gloire
Tout fait, tout publié, tout dit, tout semblé croire,
Ils ont tout supposé, tout vomi, tout bavé,
Mais cela cependant, ils ne l’ont pas trouvé ;
Non, il n’en est pas un qui, dans sa rage, invente
La liberté s’offrant aux rois comme servante !

Qu’est-ce que nous allons devenir maintenant ?
Devant ce résultat lugubre et surprenant,
Qu’est-ce qu’on va penser de nous, chênes, mélèzes,
Lacs qui vous insurgez sous les rudes falaises,
Granits qui des géants semblez le dur talon ?
Qu’est-ce qu’on va penser de toi, fauve aquilon ?
Qu’est-ce qu’on va penser de votre miel, abeilles ?
Comme vous aurez honte, ô douces fleurs vermeilles,
Œillets, jasmins, d’avoir connu ces hommes-ci !