Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/245

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Il porte l’homme à l’homme et l’esprit à l’esprit.
Il civilise, ô gloire ! Il ruine, il flétrit
Tout l’affreux passé qui s’effare,
Il abolit la loi de fer, la loi de sang,
Les glaives, les carcans, l’esclavage, en passant
Dans les cieux comme une fanfare.

Il ramène au vrai ceux que le faux repoussa ;
Il fait briller la foi dans l’œil de Spinosa
Et l’espoir sur le front de Hobbe ;
Il plane, rassurant, réchauffant, épanchant
Sur ce qui fut lugubre et ce qui fut méchant
Toute la clémence de l’aube.

Les vieux champs de bataille étaient là dans la nuit ;
Il passe, et maintenant voilà le jour qui luit
Sur ces grands charniers de l’histoire
Où les siècles, penchant leur œil triste et profond,
Venaient regarder l’ombre effroyable que font
Les deux ailes de la victoire.