Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/246

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Derrière lui, César redevient homme ; Éden
S’élargit sur l’Érèbe, épanoui soudain ;
Les ronces de lys sont couvertes ;
Tout revient, tout renaît ; ce que la mort courbait
Refleurit dans la vie, et le bois du gibet
Jette, effrayé, des branches vertes.

Le nuage, l’aurore aux candides fraîcheurs,
L’aile de la colombe, et toutes les blancheurs,
Composent là-haut sa magie ;
Derrière lui, pendant qu’il fuit vers la clarté,
Dans l’antique noirceur de la Fatalité
Des lueurs de l’enfer rougie,

Dans ce brumeux chaos qui fut le monde ancien,
Où l’Allah turc s’accoude au sphinx égyptien,
Dans la séculaire géhenne,
Dans la Gomorrhe infâme où flambe un lac fumant,
Dans la forêt du mal qu’éclairent vaguement
Les deux yeux fixes de la Haine,