Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/310

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Calmes, et chacun d’eux semblait un personnage
Vivant, et se rendant lui-même témoignage.
Nulle rumeur n’osait à ces voix se mêler,
Et le vent se taisait pour les laisser parler,
Et le flot apaisait ses mystérieux râles.
Un soleil vague au loin dorait les frontons pâles.
Les astres commençaient à se faire entrevoir
Dans l’assombrissement religieux du soir.


I


Et l’une de ces voix, c’était la voix d’un temple,
Disait :

Disait : — Admirez-moi ! Qui que tu sois, contemple ;
Qui que tu sois, regarde et médite, et reçois
À genoux mon rayon sacré, qui que tu sois ;
Car l’idéal est fait d’une étoile, et rayonne ;
Et je suis l’idéal. Troie, Argos, Sicyone,
Ne sont rien près d’Éphèse, et l’envieront toujours,
Ô peuple, Éphèse ayant mon ombre sur ses tours.
Éphèse heureuse dit : « Si j’étais Delphe ou Thèbe,
« On verrait flamboyer sur mes dômes l’Érèbe,
« Mes oracles feraient les hommes soucieux ;