Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/124

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Marchent à leur rencontre et donnent aux algèbres L'ordre de prendre un peu de lumière aux ténèbres, Et, sondant l'infini, mer qui veut se voiler, Disent à la science impassible d'aller Voir de près telle ou telle étoile voyageuse, Et de ne revenir, ruisselante plongeuse, De l'abîme qu'avec cette perle, le vrai ! D'ailleurs ce diamant, cet or, ce minerai, Le réel, quel mineur le trouve ? Qui donc creuse Et fouille assez avant dans la nature affreuse Pour pouvoir affirmer quoi que que ce soit ? Hormis L'autel connu, les jougs sacrés, les dieux permis, Et le temple doré que la foule contemple, Et l'espèce de ciel qui s'adapte à ce temple, Rien n'est certain. Est-il rien de plus surprenant Qu'un rêveur qui demande au mystère tonnant, À ces bleus firmaments où se croisent les sphères, De lui conter à lui curieux leurs affaires, Et qui veut avec l'ombre et le gouffre profond Entrer en pourparlers pour savoir ce qu'ils font, Quel jour un astre sort, quel jour un soleil rentre, Et qui, pour éclairer l'immensité de l'antre Où la Pléïade avec Sirius se confond, Allume sa chandelle et dit : J'ai vu le fond ! Un pygmée à ce point peut-il être imbécile ? Oui, Cardan de Pavie, Hicétas de Sicile Furent extravagants, mais parmi les songeurs Qui veillent, épiant les nocturnes rougeurs,