Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ces soleils à travers les chiffres aperçus ; Et la ronce se mit à pousser là-dessus.

Un nom, c'est un haillon que les hommes lacèrent, Et cela se disperse au vent.

                                               Trente ans passèrent.

On vivait. Que faisait la foule ? Est-ce qu'on sait ? Et depuis bien longtemps personne ne pensait Au pauvre vieux rêveur enseveli sous l'herbe. Soudain, un soir, on vit la nuit noire et superbe, À l'heure où sous le grand suaire tout se tait, Blêmir confusément, puis blanchir, et c'était Dans l'année annoncée et prédite, et la cime Des monts eut un reflet étrange de l'abîme Comme lorsqu'un flambeau rôde derrière un mur, Et la blancheur devint lumière, et dans l'azur La clarté devint poupre, et l'on vit poindre, éclore, Et croître on ne sait quelle inexprimable aurore Qui se mit à monter dans le haut firmament Par degrés et sans hâte et formidablement ; Les herbes des lieux noirs que les vivants vénèrent Et sous lesquelles sont les tombeaux, frissonnèrent ; Et soudain, comme un spectre entre en une maison,