Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/145

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Stellyre est belle. Ayez pitié de mon délire, Dieux immortels ! je suis en proie à sa beauté. Sans elle je serais l'Archiloque irrité, Mais elle m'attendrit. Muses, Stellyre est douce. Pour que l'agneau la broute il faut que l'herbe pousse Et que l'adolescent croisse pour être aimé. Par l'immense Vénus le monde est parfumé ; L'amour fait pardonner à l'Olympe la foudre ; L'océan en créant Cypris voulut s'absoudre, Et l'homme adore, au bord du gouffre horrible et vain, La tempête achevée en sourire divin. Stellyre a la gaîté du nid chantant dans l'arbre. Moi qui suis de Paros, je me connais en marbre, Elle est blanche ; et pourtant femme comme Aglaura Et Glycère ; et, rêveur, je sais qu'elle mourra. Tout finit par finir, hélas, même les roses ! Quoique Stellyre, ô dieux, ressemble aux fleurs écloses À l'aurore, en avril, dans les joncs des étangs, Faites, dieux immortels, qu'elle vive longtemps, Car il sort de cette âme une clarté sereine ; Je la veux pour esclave, et je la veux pour reine ; Je suis un cœur dompté par elle, et qui consent ; Et ma haine est changée en amour. Ô passant, Sache que la chanson que voici fut écrite Quand Hipparque chassa d'Athène Onomacrite Parce qu'il parlait bas à des dieux infernaux Pour faire submerger l'archipel de Lemnos.