Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XI LONGUS


Chloé nue éblouit la forêt doucement ;
Elle rit, l'innocence étant un vêtement ;
Elle est nue, et s'y plaît ; elle est belle, et l'ignore.
Elle ressemble à tous les songes qu'on adore ;
Le lys blanc la regarde et n'a point l'air fâché ;
La nuit croit voir Vénus, l'aube croit voir Psyché.
Le printemps est un tendre et farouche mystère ;
On sent flotter dans l'air la faute involontaire
Qui se pose, au doux bruit du vent et du ruisseau,
Dans les âmes ainsi que dans les bois l'oiseau.
Sève ! hymen ! le printemps vient, et prend la nature
Par surprise, et, divin, apporte l'aventure
De l'amour aux forêts, aux fleurs, aux cœurs. Aimez.
Dans la source apparaît la nymphe aux doigts palmés,
Dans l'arbre la dryade et dans l'homme le faune ;
Le baiser envolé fait aux bouches l'aumône.