Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/304

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Une meute de flots terribles, des montagnes D'eau farouche, l'horreur dans les pâles campagnes, Et l'apparition des torrents forcenés ! L'auguste France, en proie aux chocs désordonnés, Semble un titan ayant de l'eau jusqu'aux épaules ; Et l'on voit une fuite immense vers les pôles De la pluie et de l'ombre et des brouillards mouvants, Sous la cavalerie effroyable des vents ; La mort accourt avec la rumeur d'une foule ; Tout un peuple, sous qui l'effondrement s'écroule, Crie et se tord les bras, prêt à couler à fond ; Comme un flocon de neige un toit s'efface et fond ; Une rivière, hier dans les prés endormie, Gronde, et subitement devient une ennemie ; Le fleuve brusque et noir surprend l'homme inquiet, Et trahit les hameaux auxquels il souriait ; Tout tombe, égalité des chaumes et des marbres ; Les mourants sont par l'eau tordus autour des arbres ; Rien n'échappe, et la nuit monte. Profonds sanglots !

                             LE POËTE

Quoi ! deux invasions ! Après les rois, les flots !


                             LE CHŒUR

Deux inondations ! L'onde après les vandales !