Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/341

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Souffrir, sachant pourquoi, martyr, prophète, apôtre,
C'est bien ; mais un enfant, fantôme aux cheveux d'or,
Être déjà proscrit n'étant pas homme encor !

L'épine de la ronce après l'ombre du chêne !
Quel changement ! l'amour remplacé par la haine !

Paul ne comprenait plus. Quand il rentrait le soir,
Sa chambre lui semblait quelque chose de noir ;
Il pleura bien longtemps. Il pleura pour personne.
Il eut le sombre effroi du roseau qui frissonne.
Ses yeux en s'éveillant regardaient étonnés.
Ah ! ces pauvres petits, pourquoi donc sont-ils nés ?
La maison lui semblait sans jour et sans fenêtre,
Et l'aurore n'avait plus l'air de le connaître.
Quand il venait : — Va-t-en ! Délivrez-moi de ça !
Criait la mère. Et Paul lentement s'enfonça
Dans de l'ombre. Ce fut comme un berceau qu'on noie.
L'enfant qui faisait tout joyeux, perdit la joie ;
Sa détresse attristait les oiseaux et les fleurs ;
Et le doux boute-en-train devint souffre-douleurs.
— Il m'ennuie ! il est sale ! il se traîne ! il se vautre !
On lui prit ses joujoux pour les donner à l'autre.
Le père laissait faire, étant très-amoureux.