Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/80

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Ils conviennent d'aller à trois, à quatre, à dix,
Font quelques mouvements d'ours encore engourdis,
Et préparent les vols, les meurtres, les descentes ;
Tandis que les oiseaux, sous les feuilles naissantes,
Joyeux, sentant venir les souffles infinis,
Commencent à choisir des mousses pour leurs nids.

À quoi bon ta splendeur, ô sereine nature,
Ô printemps refaisant tous les ans l'ouverture
Du mystérieux temple où la lumière éclot ?
À quoi bon le torrent, le lac, le vent, le flot ?
À quoi bon le soleil, et les doux mois propices
Semant à pleines mains les fleurs aux précipices,
Les sources et les prés et les oiseaux divins ?
À quoi bon la beauté charmante des ravins ?
La fierté du sapin, la grâce de l'érable,
Ciel juste ! à quoi bon ? l'homme étant un misérable,
Et mettant, lui qui rampe et qui dure si peu,
Le masque de l'enfer sur la face de Dieu !
Hélas, hélas, ces monts font peur ! leurs fondrières
D'un bastion géant semblent les meurtrières ;
Du crime qui médite ils ont la ride au front.
Malheur au peuple, hélas, lorsque l'ombre du mont
Tombe sur les forêts ombre de forteresse !


III LES HAUTES TERRES