Suivis de loin d’un œil fixe qui les regarde,
Tristement éclairés dans leur fuite hagarde
Par d’horribles astres hiboux,
Charriant prêtre et roi, prince, esclave, ministre,
Traînant dans leurs agrès l’éternité sinistre
Qui porte l’ombre à ses deux bouts ;
Agitant des linceuls et secouant des chaînes,
Pleins de vers, fourmillant de monstres, noirs de haines,
Demandant au gouffre un flambeau,
En proie aux vents soufflant d’une bouche insensée,
Mondes spectres qui font hésiter la pensée
Entre le bagne et le tombeau ;
Ils vont ! les uns chantant ainsi que des Sodomes ;
Les autres, visions, créations, fantômes,
Sans palpitation, sans bruit ;
Et derrière eux, chargés des maux que nous subîmes,
Ils ont pour les pousser d’abîmes en abîmes
Toute la fureur de la nuit !
Page:Hugo - La Légende des siècles, 3e série, édition Hetzel, 1883.djvu/60
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