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LES MISÉRABLES. — MARIUS.

— Diable ! fit Jondrette. Il faut que les petites aillent faire le guet. Venez, vous autres, écoutez ici.

Il y eut un chuchotement.

La voix de Jondrette s’éleva encore :

— La Burgon est-elle partie ?

— Oui, dit la mère.

— Es-tu sûre qu’il n’y a personne chez le voisin ?

— Il n’est pas rentré de la journée, et tu sais bien que c’est l’heure de son dîner.

— Tu es sûre ?

— Sûre.

— C’est égal, reprit Jondrette, il n’y a pas de mal à aller voir chez lui s’il y est. Ma fille, prends la chandelle et vas-y.

Marius se laissa tomber sur ses mains et ses genoux et rampa silencieusement sous son lit.

À peine y était-il blotti qu’il aperçut une lumière à travers les fentes de sa porte.

— P’pa cria une voix, il est sorti.

Il reconnut la voix de la fille aînée.

— Es-tu entrée ? demanda le père.

— Non, répondit la fille, mais puisque sa clef est à sa porte, il est sorti.

Le père cria :

— Entre tout de même.

La porte s’ouvrit, et Marius vit entrer la grande Jondrette, une chandelle à la main. Elle était comme le matin, seulement plus effrayante encore à cette clarté.

Elle marcha droit au lit. Marius eut un inexprimable moment d’anxiété, mais il y avait près du lit un miroir