Page:Hugo - Les Misérables Tome III (1890).djvu/440

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pas du prisonnier Thénardier songeait, le couteau à la main. Marius égaré promenait ses yeux autour de lui, dernière ressource machinale du désespoir.

Tout à coup il tressaillit.

À ses pieds, sur la table, un vif rayon de pleine lune éclairait et semblait lui montrer une feuille de papier. Sur cette feuille il lut cette ligne écrite en grosses lettres le matin même par l’aînée des filles Thénardier :

Les cognes sont là.

Une idée, une clarté traversa l’esprit de Marius ; c’était le moyen qu’il cherchait, la solution de cet affreux problème qui le torturait, épargner l’assassin et sauver la victime. Il s’agenouilla sur sa commode, étendit le bras, saisit la feuille de papier, détacha doucement un morceau de plâtre de la cloison, l’enveloppa dans le papier, et jeta le tout par la crevasse au milieu du bouge.

Il était temps. Thénardier avait vaincu ses dernières craintes ou ses derniers scrupules et se dirigeait vers le prisonnier.

— Quelque chose qui tombe ! cria la Thénardier.

— Qu’est-ce ? dit le mari.

La femme s’était élancée et avait ramassé le plâtras enveloppé du papier. Elle le remit à son mari.

— Par où cela est-il venu ? demanda Thénardier.

— Pardié ! fit la femme, par où veux-tu que cela soit entré ? C’est venu par la fenêtre.

— Je l’ai vu passer, dit Bigrenaille.

Thénardier déplia rapidement le papier et l’approcha de la chandelle.