Page:Hugo - Les Misérables Tome III (1890).djvu/441

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— C’est de l’écriture d’Éponine. Diable !

Il fit signe à sa femme, qui s’approcha vivement, et il lui montra la ligne écrite sur la feuille de papier, puis il ajouta d’une voix sourde :

— Vite ! l’échelle ! laissons le lard dans la souricière et fichons le camp !

— Sans couper le cou à l’homme ? demanda la Thénardier.

— Nous n’avons pas le temps.

— Par où ? reprit Bigrenaille.

— Par la fenêtre, répondit Thénardier. Puisque Ponine a jeté la pierre par la fenêtre, c’est que la maison n’est pas cernée de ce côté-là.

Le masque à voix de ventriloque posa à terre sa grosse clef, éleva ses deux bras en l’air et ferma trois fois rapidement ses mains sans dire un mot. Ce fut comme le signal du branle-bas dans un équipage. Les brigands qui tenaient le prisonnier le lâchèrent ; en un clin d’œil l’échelle de corde fut déroulée hors de la fenêtre et attachée solidement au rebord par les deux crampons de fer. Le prisonnier ne faisait pas attention à ce qui se passait autour de lui. Il semblait rêver ou prier. Sitôt l’échelle fixée, Thénardier cria :

— Viens ! la bourgeoise !

Et il se précipita vers la croisée.

Mais comme il allait enjamber, Bigrenaille le saisit rudement au collet.

— Non pas, dis donc, vieux farceur ! après nous !

— Après nous ! hurlèrent les bandits.