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VIII


L’ÉNIGME REDOUBLE


L’enfant avait posé sa tête sur une pierre et s’était endormie.

Il s’assit auprès d’elle et se mit à la considérer. Peu à peu, à mesure qu’il la regardait, il se calmait, et il reprenait possession de sa liberté d’esprit.

Il percevait clairement cette vérité, le fond de sa vie désormais, que tant qu’elle serait là, tant qu’il l’aurait près de lui, il n’aurait besoin de rien que pour elle, ni peur de rien qu’à cause d’elle. Il ne sentait même pas qu’il avait très froid, ayant quitté sa redingote pour l’en couvrir.

Cependant, à travers la rêverie où il était tombé, il entendait depuis quelque temps un bruit singulier. C’était comme un grelot qu’on agitait. Ce bruit était dans le jardin. On l’entendait distinctement, quoique faiblement. Cela ressemblait à la petite musique vague que font les clarines des bestiaux la nuit dans les pâturages.

Ce bruit fit retourner Jean Valjean.