chaste embrasement de toutes les âmes dans le même foyer. Là les ténèbres ; ici l’ombre ; mais une ombre pleine de clartés, et des clartés pleines de rayonnements.
Deux lieux d’esclavage ; mais dans le premier la délivrance possible, une limite légale toujours entrevue, et puis l’évasion. Dans le second, la perpétuité ; pour toute espérance, à l’extrémité lointaine de l’avenir, cette lueur de liberté que les hommes appellent la mort.
Dans le premier, on n’était enchaîné que par des chaînes ; dans l’autre, on était enchaîné par sa foi.
Que se dégageait-il du premier ? Une immense malédiction, le grincement de dents, la haine, la méchanceté désespérée, un cri de rage contre l’association humaine, un sarcasme au ciel.
Que sortait-il du second ? La bénédiction et l’amour.
Et dans ces deux endroits si semblables et si divers, ces deux espèces d’êtres si différents accomplissaient la même œuvre, l’expiation.
Jean Valjean comprenait bien l’expiation des premiers ; l’expiation personnelle, l’expiation pour soi-même. Mais il ne comprenait pas celle des autres, celle de ces créatures sans reproche et sans souillure, et il se demandait avec un tremblement : Expiation de quoi ? quelle expiation ?
Une voix répondait dans sa conscience : La plus divine des générosités humaines, l’expiation pour autrui.
Ici toute théorie personnelle est réservée, nous ne sommes que narrateur ; c’est au point de vue de Jean Valjean que nous nous plaçons, et nous traduisons ses impressions.