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L'ATOME FRATERNISE AVEC L'OURAGAN.

au coin de la borne qui est ce que veulent les concierges, gras ou maigre, selon la fantaisie de celui qui fait le tas. Il peut y avoir de la bonté dans le balai.

Cette chiffonnière était une hotte reconnaissante, et elle souriait, quel sourire ! aux trois portières. Il se disait des choses comme ceci :

— Ah çà, votre chat est donc toujours méchant ?

— Mon Dieu, les chats, vous le savez, naturellement sont l’ennemi des chiens. C’est les chiens qui se plaignent.

— Et le monde aussi.

— Pourtant les puces des chats ne vont pas après le monde.

— Ce n’est pas l’embarras, les chiens, c’est dangereux. Je me rappelle une année où il y avait tant de chiens qu’on a été obligé de le mettre dans les journaux. C’était du temps qu’il y avait aux Tuileries de grands moutons qui traînaient la petite voiture du roi de Rome. Vous rappelez-vous le roi de Rome ?

— Moi, j’aimais bien le duc de Bordeaux.

— Moi, j’ai connu Louis XVII. J’aime mieux Louis XVII.

— C’est la viande qui est chère, mame Patagon !

— Ah ! ne m’en parlez pas, la boucherie est une horreur. Une horreur horrible. On n’a plus que de la réjouissance.

Ici la chiffonnière intervint :

— Mesdames, le commerce ne va pas. Les tas d’ordures sont minables. On ne jette plus rien. On mange tout.

— Il y en a de plus pauvres que vous, la Vargoulême.

— Ah, ça c’est vrai, répondit la chiffonnière avec déférence, moi j’ai un état.