en dehors de ce qu’ils appellent le goût français ; je voudrais que cet éloge fût mérité.
En somme, je fais ce que je peux, je souffre de la souffrance universelle, et je tâche de la soulager, je n’ai que les chétives forces d’un homme, et je crie à tous : aidez-moi !
Voilà, monsieur, ce que votre lettre me provoque à vous dire ; je vous le dis pour vous, et pour votre pays. Si j’ai tant insisté, c’est à cause d’une phrase de votre lettre. Vous m’écrivez : ─ « Il y a des italiens, et beaucoup qui disent : ce livre, les Misérables, est un livre français. Cela ne nous regarde pas. Que les français le lisent comme une histoire, nous le lisons comme un roman. » ─ Hélas ! je le répète, italiens ou français, la misère nous regarde tous. Depuis que l’histoire écrit et que la philosophie médite, la misère est le vêtement du genre humain ; le moment serait enfin venu d’arracher cette guenille, et de remplacer, sur les membres nus de l’Homme-Peuple, la loque sinistre du passé par la grande robe pourpre de l’aurore.
Si cette lettre vous paraît bonne à éclairer quelques esprits et à dissiper quelques préjugés, vous pouvez la publier, monsieur. Recevez, je vous prie, la nouvelle assurance de mes sentiments très distingués.