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NUIT ET LUNE

Douce avait porté la lettre à mess Lethierry qui était enfermé dans sa chambre. Il avait pris cette lettre, l’avait machinalement posée sur sa table, et ne l’avait pas regardée.

Cette lettre resta une bonne semaine sur la table sans être décachetée.

Il arriva pourtant qu’un matin Douce dit à mess Lethierry :

— Monsieur, faut-il ôter la poussière qu’il y a sur votre lettre ?

Lethierry parut se réveiller.

— C’est juste, dit-il.

Et il ouvrit la lettre.

Il lut ceci :


« En mer, ce 10 mars.

« Mess Lethierry, de Saint-Sampson,

« Vous recevrez de mes nouvelles avec plaisir.

« Je suis sur le Tamaulipas, en route pour Pasrevenir. Il y a dans l’équipage un matelot Ahier-Tostevin, de Guernesey, qui reviendra, lui, et qui aura des choses à raconter. Je profite de la rencontre du navire Hernan Cortez allant à Lisbonne pour vous faire passer cette lettre.

« Soyez étonné. Je suis honnête homme.

« Aussi honnête homme que sieur Clubin.

« Je dois croire que vous savez la chose qui est arrivée ; pourtant il n’est peut-être pas de trop que je vous l’apprenne.

« La voici :