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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Durande dans la panse. Quelques-uns, entendant la voix de mess Lethierry dans la salle basse, commençaient à s’y glisser silencieusement par la porte entre-bâillée. Entre deux faces de commères, passait la tête de sieur Landoys qui avait ce hasard d’être toujours là où il aurait regretté de ne pas être.

Les grandes joies ne demandent pas mieux que d’avoir un public. Le point d’appui un peu épars qu’offre toujours une foule leur plaît ; elles repartent de là. Mess Lethierry s’aperçut tout à coup qu’il y avait des gens autour de lui. Il accepta d’emblée l’auditoire.

— Ah ! Vous voilà, vous autres. C’est bien heureux. Vous savez la nouvelle. Cet homme a été là et il a rapporté ça. Bonjour, sieur Landoys. Tout à l’heure quand je me suis réveillé, j’ai vu le tuyau. C’était sous ma fenêtre. Il ne manque pas un clou à la chose. On fait des gravures de Napoléon ; moi, j’aime mieux ça que la bataille d’Austerlitz. Vous sortez de votre lit, bonnes gens. La Durande vous vient en dormant. Pendant que vous mettez vos bonnets de coton et que vous soufflez vos chandelles, il y a des gens qui sont des héros. On est un tas de lâches et de fainéants, on chauffe ses rhumatismes, heureusement cela n’empêche pas qu’il y ait des enragés. Ces enragés vont où il faut aller et font ce qu’il faut faire. L’homme du Bû de la Rue arrive du rocher Douvres. Il a repêché la Durande au fond de la mer, il a repêché l’argent dans la poche de Clubin, un trou encore plus profond. Mais comment as-tu fait ? Tout le diantre était contre toi, le vent et la marée, la marée et le vent. C’est vrai que tu es sorcier. Ceux qui disent ça ne sont déjà pas