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LA RECONNAISSANCE EN PLEIN DESPOTISME

si bêtes. La Durande est revenue ! Les tempêtes ont beau avoir de la méchanceté, ça la leur coupe rasibus. Mes amis, je vous annonce qu’il n’y a plus de naufrages. J’ai visité la mécanique. Elle est comme neuve, entière, quoi ! Les tiroirs à vapeur jouent comme sur des roulettes. On dirait un objet d’hier matin. Vous savez que l’eau qui sort est conduite hors du bateau par un tube placé dans un autre tube par où passe l’eau qui entre, pour utiliser la chaleur ; eh bien, les deux tubes, ça y est. Toute la machine ! Les roues aussi ! Ah ! Tu l’épouseras !

— Qui ? La machine ? demanda sieur Landoys.

— Non, la fille. Oui, la machine. Les deux. Il sera deux fois mon gendre. Il sera le capitaine. Good bye, capitaine Gilliatt. Il va y en avoir une, de Durande ! On va en faire des affaires, et de la circulation, et du commerce, et des chargements de bœufs et de moutons ! Je ne donnerais pas Saint-Sampson pour Londres. Et voici l’auteur. Je vous dis que c’est une aventure. On lira ça samedi dans la gazette au père Mauger. Gilliatt le Malin est un malin. Qu’est-ce que c’est que ces louis d’or là ?

Mess Lethierry venait de remarquer, par l’hiatus du couvercle, qu’il y avait de l’or dans la boîte posée sur les bank-notes. Il la prit, l’ouvrit, la vida dans la paume de sa main, et mit la poignée de guinées sur la table.

— Pour les pauvres. Sieur Landoys, donnez ces pounds de ma part au connétable de Saint-Sampson. Vous savez, la lettre de Rantaine ? Je vous l’ai montrée ; eh bien, j’ai les bank-notes. Voilà de quoi acheter du chêne et du sapin et faire de la menuiserie. Regardez plutôt. Vous rappelez-vous