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Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/369

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LE TIMONIER IVRE ET LE CAPITAINE SOBRE

Les matelots se ruaient à la suite des passagers. Le mousse avait roulé sous les pieds ; on marchait sur l’enfant.

Imbrancam barra le passage.

— Personne avant le moço, dit-il.

Il écarta de ses deux bras noirs les matelots, saisit le mousse, et le tendit au passager guernesiais qui, debout dans la chaloupe, reçut l’enfant.

Le mousse sauvé, Imbrancam se rangea et dit aux autres :

— Passez.

Cependant Clubin était allé à sa cabine et avait fait un paquet des papiers du bord et des instruments. Il ôta la boussole de l’habitacle. Il remit les papiers et les instruments à Imbrancam et la boussole à Tangrouille, et leur dit : Descendez dans la chaloupe.

Ils descendirent. L’équipage les avait précédés. La chaloupe était pleine. Le flot rasait le bord.

— Maintenant, cria Clubin, partez.

Un cri s’éleva de la chaloupe.

— Et vous, capitaine ?

— Je reste.

Des gens qui naufragent ont peu le temps de délibérer et encore moins le temps de s’attendrir. Cependant ceux qui étaient dans la chaloupe et relativement en sûreté eurent une émotion qui n’était pas pour eux-mêmes. Toutes les voix insistèrent en même temps.

— Venez avec nous, capitaine.

— Je reste.

Le guernesiais, qui était au fait de la mer, répliqua :

— Capitaine, écoutez. Vous êtes échoué sur les Hanois.