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Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/416

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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Il resta toute la journée du lendemain à demi appuyé à la table de l’office de la Durande, ni debout, ni assis, répondant avec douceur quand on lui parlait. Du reste, la curiosité étant satisfaite, la solitude s’était faite aux Bravées. Il y a beaucoup de désir d’observer dans l’empressement à s’apitoyer. La porte s’était refermée ; on laissait Lethierry avec Déruchette. L’éclair qui avait passé dans les yeux de Lethierry s’était éteint ; le regard lugubre du commencement de la catastrophe lui était revenu.

Déruchette, inquiète, avait, sur le conseil de Grâce et de Douce, mis, sans rien dire, à côté de lui sur la table une paire de bas qu’il était en train de tricoter quand la mauvaise nouvelle était arrivée.

Il sourit amèrement et dit :

— On me croit donc bête.

Après un quart d’heure de silence, il ajouta :

— C’est bon quand on est heureux ces manies-là.

Déruchette avait fait disparaître la paire de bas, et avait profité de l’occasion pour faire disparaître aussi la boussole et les papiers de bord, que mess Lethierry regardait trop.

Dans l’après-midi, un peu avant l’heure du thé, la porte s’ouvrit, et deux hommes entrèrent, vêtus de noir, l’un vieux, l’autre jeune.

Le jeune, on l’a peut-être aperçu déjà dans le cours de ce récit.

Ces hommes avaient tous deux l’air grave, mais d’une gravité différente ; le vieillard avait ce qu’on pourrait nommer la gravité d’état ; le jeune homme avait la gravité de nature. L’habit donne l’une, la pensée donne l’autre.