Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plaires probablement uniques. Un autre exemplaire unique est un descendant de Rollon, très digne gentleman, qui habite paisiblement l’archipel. Il consent à traiter de cousine la reine Victoria.

La descendance paraît prouvée et n’a rien d’improbable.

Dans ces îles on tient à son blason. Nous avons entendu une M. faire ce reproche aux D. : Ils nous ont pris nos armoires pour les mettre sur leurs tombeaux.

Un paysan dit : Mes ancêtres.

Les fleurs de lys abondent. L’Angleterre prend volontiers les modes que la France quitte. Peu de bourgeois situés entre cour et jardin se privent d’une clôture fleurdelysée.

On est très chatouilleux sur les mésalliances. Dans je ne sais plus laquelle des îles, à Aurigny, je crois, le fils d’une dynastie très ancienne de marchands de vin s’étant mésallié avec la fille d’un chapelier récent, l’indignation fut universelle, toute l’île blâma ce fils, et une vénérable dame s’écria : Est-ce là une coupe à faire boire à des parents ! La princesse palatine n’était pas plus tragiquement exaspérée, quand elle reprochait à une de ses cousines, mariée au prince de Tingry, de s’être « encanaillée d’un Montmorency. »

À Guernesey donner le bras à une femme signifie fiançailles. Une nouvelle mariée, les huit jours qui suivent sa noce, ne sort que pour aller aux offices. Un peu de prison assaisonne la lune de miel. Une certaine honte est d’ailleurs convenable. Le mariage exige si peu de formalités qu’il peut être latent. Cahaigne, à Jersey, a entendu cet échange de questions et de réponses entre une mère, vieille femme, et