Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/80

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la surface. L’homme habille ou déshabille la terre ; un déboisement est un vêtement qu’on ôte. Mais ralentir la rotation du globe sur son axe, accélérer la course du globe dans son orbite, ajouter ou retrancher une toise à l’étape de sept cent dix-huit mille lieues par jour que fait la terre autour du soleil, modifier la précession des équinoxes, supprimer une goutte de pluie, jamais ! ce qui reste en haut reste en haut. L’homme peut changer le climat, non la saison, Faites-donc rouler la lune ailleurs que dans l’écliptique !

Des rêveurs, quelques-uns illustres, ont rêvé la restitution du printemps perpétuel à la terre. Les saisons extrêmes, été et hiver, sont produites par l’excès d’inclinaison de l’axe de la terre sur le plan de cette écliptique dont nous venons de parler. Pour supprimer ces saisons, il suffirait de redresser cet axe. Rien de plus simple. Plantez dans le pôle un pieu allant jusqu’au centre du globe, attachez-y une chaîne, trouvez hors de la terre un champ de tirage, ayez dix milliards d’attelages de dix milliards de chevaux chacun, faites tirer, l’axe se redressera, et vous aurez votre printemps. On le voit, pas grand’chose à faire.

Cherchons ailleurs l’éden. Le printemps est bon ; la liberté et la justice valent mieux. L’Éden est moral et non matériel.

Être libres et justes, cela dépend de nous.

La sérénité est intérieure. C’est au dedans de nous qu’est notre printemps perpétuel.