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Ruy Blas

Mais si. Je le savais.Vous le saviez !

Don Salluste.

Mais si. Je le savais. Vous le saviez !Pardieu !
Qu’est-ce que cela fait ?

Ruy Blas, s’appuyant au mur pour ne pas tomber, et comme se parlant à lui-même.

Qu’est-ce que cela fait ?Donc il s’est fait un jeu,
Le lâche, d’essayer sur moi cette torture !
Mais c’est que ce serait une affreuse aventure !

Il lève les yeux au ciel.

Seigneur Dieu tout-puissant, mon Dieu qui m’éprouvez,
Épargnez-moi, Seigneur !

Don Salluste.

Épargnez-moi, Seigneur !Ah çà, mais — vous rêvez !
Vraiment ! vous vous prenez au sérieux, mon maître.
C’est bouffon. Vers un but que seul je dois connaître,
But plus heureux pour vous que vous ne le pensez,
J’avance. Tenez-vous tranquille. Obéissez.
Je vous l’ai déjà dit et je vous le répète,
Je veux votre bonheur. Marchez, la chose est faite.
Puis, grand’chose après tout que des chagrins d’amour !
Nous passons tous par là. C’est l’affaire d’un jour.
Savez-vous qu’il s’agit du destin d’un empire ?