Page:Hugo - Ruy Blas, édition 1839.djvu/162

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C’est égal, me voilà revenu. Tout va bien.
Ah ! mon très-cher cousin, vous voulez que j’émigre
Dans cette Afrique où l’homme est la souris du tigre !
Mais je vais me venger de vous, cousin damné,
Épouvantablement, quand j’aurai déjeûné.
J’irai, sous mon vrai nom, chez vous, traînant ma queue,
D’affreux vauriens sentant le gibet d’une lieue,
Et je vous livrerai vivant aux appétits
De tous mes créanciers — suivis de leurs petits.

Il aperçoit dans un coin une magnifique paire de bottines à canons de dentelles. Il jette lestement ses vieux souliers, et chausse sans façon les bottines neuves.

Voyons d’abord où m’ont jeté ses perfidies.

Après avoir examiné la chambre de tous côtés.

Maison mystérieuse et propre aux tragédies.
Portes closes, volets barrés, un vrai cachot.
Dans ce charmant logis on entre par en haut,
Juste comme le vin entre dans les bouteilles.

Avec un soupir.

— C’est bien bon, du bon vin ! —

Il aperçoit la petite porte à droite, l’ouvre, s’introduit vivement dans le cabinet avec lequel elle communique, puis rentre avec des gestes d’étonnement.

C’est bien bon, du bon vin ! —Merveille des merveilles !
Cabinet sans issue où tout est clos aussi !